Comme le dit Jaubert "Il y a plus d'idées dans ces constructions populaires que chez tous les architectes américains et européens réunis."Et comme le dit le poête chilien enfant chéri du pays Pablo Neruda: " cette fusion du beau et de l'affreux c'est son charme".C'est pour cela que actuellement l'intrusion de la modernité à tout prix dans cette ville est plus monstrueuse qu'ailleurs et plus laide que ce désordre vacillant. Nous logeons sur un des 25 ceros qui entoure la ville, celui de la Sebastania
une des maisons paradisiaques de Neruda maintenant lieu visité. Sur 3 étages elle domine sa ville, et partout a pour horizon l'océan. Subtilement décorée elle reflète le poète et le collectionneur qu'était cet homme.
Dévaler la Calle Ferrari où chaque maison a un poème gravé sur un carreau de mosaïque .
Rejoindre ensuite le dédale d'escaliers et de ruelles peints qu'est El Museo a Cielo Abierto, Concu par Fransisco Mendez Labbe professeur à l'université catholique de Valparaiso . Ces peintures furent faites dans un premier temps par les étudiants de l'université et après par des artistes et muristes déjà connus: Maro Carreño, Eduardo Pérez, Francisco Meñdez, Maria Martner...En fait l'affaire s'est généralisée: en arpentant les rues et traboules de Valparaiso nous trouvons presque à chaque pas ces peintures et fresques murales, drôles , oniriques, très humaines...La magie baroque de cette ville vient aussi de ce délire pictural. Un vrai plaisir pour le voyageur.
On peut grimper aussi dans cette ville avec des "ascenseurs"qui sont presque tous des funiculaires (ou des ficelles diraient les Lyonnais). Antiques machines du début XXème , ceux qui marchent encore vous font accéder en quelques minutes à des endroits moins plébéiens où comme par enchantement le bruit terrible "du Plan"(le bas de la ville) disparaît totalement.
Ainsi les ascenseurs Conception et El Peral vous permettent d'accéder à de jolis paséos avec de jolies maisons XIX ème qui ont de jolis jardins avec de jolies vues sur la ville basse et le port gigantesque, réaménagé depuis quelques années .
Heureusement que là aussi d'insidieux dessins ont droit de cité...et qu'à tout moment on découvre "un agglutinement disparate et désordonné "toujours prêt à tomber.
En bas dans le bruit et la fureur les bus passent à toutes berzing, méprisants les très beaux anciens trolleybus
...Les taxis collectivos secteurisés nous ramènent sur les hauteurs à tout moment du jour et de la nuit pour un prix modique.
Nous laissons Daniel qui hésite encore entre la Ruta del Norte et la Ruta del Sur à ses soirées valparaisiennes. Je suis un peu triste de ne pas goûter son Pistou chilien qu'il prépare ce soir pour ses nouveaux amis.
"Valparaiso,
RépondreSupprimerquelle absurdité tu es,
quel fou, port fou,
quelle tête avec ces collines
échevelées, tu n'as pas fini de te peigner,
Tu n'as jamais eu le temps de t'habiller,
Tu as toujours été surpris par la vie,
La mort t'a réveillé en chemise,
en longs caleçons,
avec des franges de couleur,
nu comme un nombre tatoué sur le ventre."
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un fragment du poème de Pablo Neruda en hommage à Valparaiso