mercredi 18 avril 2012

VENEZUELA

Avant la frontière vénézuélienne, à Maïcao, nous rencontrons un couple de motards mexicains qui dénoncent les routes défoncées du Venezuela et le nombre ahurissant de barrage de police. Effectivement la route juste après la douane est vraiment en très mauvais état mais sur quelques kms seulement et les autres pas plus que dans les autres pays d'Amerique Centrale. Quant aux barrages ils sont effectivement nombreux. A chaque ancien péage où l'on ne paye plus rien ( depuis Chavez) on trouve des policiers, mais pour l'instant jamais ils ne nous ont arrêté ( je ne les regarde jamais dans les yeux comme m'a dit Véro !). Le plus désagréable pour nous restent les tumulus à tout bout de champs, non parce qu'ils sont investis par un ou plusieurs marchands ambulants ( ce qui est plutôt sympa) qui proposent fruits , cafecito, gâteaux mais parce qu'ils bradassent la moto et notre pauvre dos...

Partout les anciennes voitures américaines traînent leur vieille carcasse bringbalante encore superbe dans ce pays qui maintient sa joie de vivre avec trois fois rien : 80 centimes d'euro pour remplir le réservoir d'une Chevrolet ou d'une Ford des années 70.

La conscience écologique vient bien après ce plaisir et les déchets aussi, sauf dans les zones touristiques, se retrouvent partout, sur le bord des routes , dans les rivières , sur les plages... Mais le pays a d'autres priorités actuellement...Bien sur l'état peut prélever une taxe minime sur l'essence pour améliorer le système de santé mais il préfère échanger contre des barils à bas prix, avec le pays ami,  20 000 médecins cubains qui participent au Barrio Adentro :  un programme de santé pour les quartiers défavorisés et les zones rurales reculées...Dans toutes les écoles publiques un programme alimentaire petit déjeuner, déjeuner et collation gratuits a été mis en place pour lutter contre la pauvreté et la malnutrition...Par le réseau MERCAL des produits agricoles de première nécessité entre autre sont distribués en dessous des prix du marché...quand à la Gran Mission elle construit des maisons qui sont et seront accessibles financièrement à toute famille Vénézuélienne...Chavez ouvre le chemin à un nouveau modèle socialiste révolutionnaire basé sur les préceptes de solidarité et de justice: la République Bolivarienne du Venézuéla. BOLIVAR: véritable mythe en Amérique du Sud , né à Caracas,  a réussi à libérer de la domination espagnole le Venez, la Colombie, l'Equateur, le Pérou et la Bolivie et il y a une place Bolivar dans le moindre village. Également  une puissante force motrice va naître de la Communauté des États Latino-Américains et des Caraïbes ( CELAC ) fondée les 2 et 3 décembre 2011 à Caracas. Ensemble cette communauté va chercher son propre destin dans tous les domaines (communication, énergie, accords universitaires, cartel de la drogue... ) en essayant de se libérer de la tutelle des États Unis , du Canada, de L'Europe...(et de la Chine?) . Après la frontière nous rejoignons Maracaïbo, ville du grand banditisme, 2ème mégapole du Venez, qui exploite le pétrole près du lac du même nom. Nous dormons dans une chambre style mortuaire mais à quelques mètres de jeunes danseurs répétent une samba dans un café/boîte de nuit . Le soir toute la jeunesse dorée de la ville s'y trouve, nous aussi! Le lendemain un accident de voiture nous oblige à jouer fin pour ne pas rester coincés derrière des kms de véhicules pendant des heures. En arrivant au Venez nous avons eu du mal à avoir de l'essence: En Colombie le prix du litre est 260% plus cher. donc pour éviter la contrebande , près de la frontière, les chauffeurs ont une carte qui enregistrent leur consommation. Sans carte pas d'essence, mais nous avons vite trouvé un camion qui a bien voulu prendre 20 centimes d'euro en plus sur sa carte! CORO dont la ville est en partie patrimoine culturel est une halte agréable à la casa de los Pajaros ( rapport qualité/prix idéal). Rencontre avec le propriétaire de la posada El Gallo (magnifique maison) qui est français. A Maracaï nous dormons tout près de l'extraordinaire  parc Henri Pittier que hélas nous ne visitons pas.Question de timing car nous devons traverser CARACAS: 2 heures d'enfer!

 2 heures sur l'autoroute qui traverse une partie de la ville et de sa proche banlieue. 2 heures sur une autopista à 3 voies devenue à 6 ! Nous croyons le calvaire fini 5 minutes quand il reste à prendre encore un tunnel engorgé sur toute sa longueur dans lequel il doit rester1% d'oxygène  Reste un petit espace pour passer entre les voitures avec  leurs petits cylindrés mais wallou pour nous.

Consolation une très jolie route longeant un parc naturel après ( enfin sans ordures et pipeline!) pour arriver jusqu'à Buca de Uchire où un jeune couple nous prépare un petit repas improvisé aux chandelles! Maintenant nous sommes impatients de retrouver VERO. A partir de Cumana nous longeons le golfe de Cariaco. Un peu avant Mariguitar, sur la gauche , nous arrivons enfin . Bonheur de retrouver une amie après 6 mois et de s'installer dans cette maison chaleureuse.
Vero house









 De ses deux terrasses nous dominons le golfe et à tout moment c'est un vrai plaisir de se balancer dans un des hamacs...la lotion anti mosquitos à portée de main !

Et puis nous faisons des courses au village, nous cueillons les citrons verts et les mangos des voisins, nous mangeons tous les jours dehors avec les cris des enfants et ceux des oiseaux, nous avons un chien sans maître "chaussette" élevé à la vas-y-que-je -te -pousse, nous nous baignons au ponton à 50 m de ma future maison ! nous regardons un très bon film argentin , Vero et Christian réparent la pompe à eau et se gorgent d'ordi. Une ambiance maisonnée qui fait du bien après tous ces jours d'errance avec mon homme! Merci Vero! Nous avons aussi le plaisir d'être invité plusieurs fois par LILA,

une amie commune qui est installé au Venez depuis longtemps. Un soir dans sa magnifique posada , je danse la salsa avec Carlos, un lover latino, dépité de n'avoir qu'une "flacita" dans ses bras.

Pendant 3 jours nous allons visiter le delta de l'Orénoque avec Vero. "Le Rio Orinoco est un fleuve du Venezuela et de Colombie. Il se jette dans l'océan Atlantique par un delta de 25 000 km² et possède d'innombrables bras..."Nous prenons une embarcation à San Jose de Buja et nous remontons le canõ envahi de jacinthes d'eau douce. Des barrages avec des bois sont faits régulièrement pour les repousser vers la mer (où elles mourront dans l'eau salée) et les empêcher de remonter avec la marée. Après une demi heure nous arrivons chez Maria et Christophe, un couple franco/argentin qui a construit un campement sur le fleuve : Le Waro Waro lodge. Tout est simple, tout est beau, tout est fait ...pour jouir de la forêt tropicale au fond d'un hamac la nuit et le jour dans cette immense palapa au milieu de la jungle.

 Nous baladons 3 jours durant sur l'eau, au milieu de cette végétation luxuriante dans la confusion des cris d'oiseaux et d'animaux, des frôlements d'insectes et de flore inconnus .Nous marchons un moment dans la forêt. On s'enfonce à chaque pas au milieu des plantes qui grimpent, et s'enroulent autour des arbres pour mieux atteindre la lumière. Et nous nous agrippons à elles pour ne pas tomber, s'enfoncer un peu plus et plonger dans la boue!

Heureusement qu'il y a le cacao de agua pour nous désaltérer! Nous péchons paresseusement le Piranha, plus attentifs à l'Hoazin roux (un des oiseaux les plus anciens de la création) au Ara bleu, à l'Ibis écarlate, aux singes hurleurs qui nous surprennent...

Les indiens Waraos sont les hôtes discrets mais essentiels du campement, du fleuve, de la forêt. L'ensemble de leur culture lié aux caños remonte à plusieurs millénaires. Leurs pirogues sont faites à partir d'un tronc unique du Cachicamo, creusé et incendié pour en étirer les cotés. Les enfants manient aussi ces embarcations et en font apparemment un vrai terrain de jeux . Certains viennent avec nous tous les jours avec un membre de leur famille qui conduit le bateau. Ils sont dans et hors de l'eau avec beaucoup d'aisance , même les plus petits. C'est  doux et naturel. Jamais une réprimande de la part de leur parent même s'ils se mettent en danger (bien sur pour nous!).

 Les Waraos sont encore très proches de leur mode de vie ancestral. Toute la famille vit sous le même toit. C'est un régime matriarcale. Le mari vient habiter chez sa femme et ses beaux parents. Ils ont gardé leur croyance animiste dans les poissons, les arbres, le soleil, le feu, l'eau, la terre...Il existe une harmonie entre l'homme, la nature et les êtres surnaturels. Le personnage le plus respecté est le Shaman, guérisseur et médiateur du monde Réel et Spirituel... Le Moriche, grand palmier est fondamental à leur subsistance: Il leur fournit les fruits, la fécule et de gros vers comestibles dont ils se délectent, l'alcool avec sa sève,  les palmes pour les toits et ils en tirent aussi la fibre pour tisser leurs hamacs. Les troncs des palmiers Manaca qui forment le plancher de leur maison pourrissent régulièrement et ne sont pas remplacés.

 Quand la maison est vraiment détériorée ils déménagent. Ce mode de vie permet de ne pas épuiser les ressources d'un même endroit. Bien sur dans cette façon de vivre les enfants ne vont pas à l'école. Donc certaines familles se sédentarisent et vivent dans des villages mais entraînant épuisement des ressources locales, accumulation des déchets et condition d'hygiène moindre. Il faut trouver un compromis qui respecte leur tradition tout en étant moins isolés. A leur tradition de pèche, de chasse et de cueillette ils ajoutent désormais l'artisanat, le commerce d'animaux exotiques, la coupe de bois précieux...qui leur permettent de monnayer leur travail ( ils utilisaient avant beaucoup le troc) et d'acheter par exemple un moteur pour la pirogue et d'autres produits de consommation! Nous quittons Vero le cœur triste mais rendez vous dans deux mois en Avignon!
Nous nous dirigeons maintenant vers les LLANOS: Vastes plaines, étendues de savane inondables, prairies, steppes à perte de vue les Llanos doivent leur existence à l'accumulation de sédiments que les rivières arrachent aux chaînes montagneuses (Cordillère des Andes). Dans cette région les grandes fermes d'élevage ont entre autre des dizaines de milliers de zébus.On les appelle des HATOS. Ils font souvent plus de 50 000 mille hectares. C'est le territoire des Cow Boys llanero qui se déplacent à cheval ou en 4x4, en barque ou en avion selon la saison. Mais cette région est aussi "le plus beau et le plus étonnant sanctuaire écologique au monde" dixit Nicolas Hulot. C'est pour cela que de plus en plus les grands hatos se spécialisent dans le tourisme écologique. Nous allons au HATO El CEDRAL à côté de Montecal dans la région de San Fernando de Apure. L'accès à l'entrée du hato est gardé et fermé. Nous devons présenter nos passeports avant de rejoindre la piste qui mène à la ferme. Sur cette bande de terre de drôles de bêtes flegmatiques: des espèces de cochons d'Inde de la taille d'un cochon appelés ici Capybara.
capybara

tamanoir
 Ils y en auraient 40 000 au Hato el Cedral ! Le soir il y en a au repas. C'est très goûteux(comme le Cuy au Pérou). En Colombie il est interdit de les chasser et les Llaneros ont le droit d'en manger seulement pendant la semaine sainte: Pour l'église le Capybara est assimilé à un poisson parce qu'il  peut rester longtemps sous l'eau. Nous sommes justement vendredi saint! Le campement est en dur avec piscine et salle à manger. Initialement nous sommes dans une ferme  et bien sur c'est loin du concept enchanteur du Waro Waro! A la veillée de la musique avec la harpe, le cuatro et les maracas qui accompagnent le chant des plaines: L'histoire malheureuse de deux animaux qui s'aiment...Fabienne, une jeune vénézuélienne, qui parle parfaitement le français avec l'accent québécois est un guide de qualité pour nous mener en barque, en camion et à cheval pour observer les habitants permanents de ces marais:



dauphin d'eau douce
 Crocodile, caïman,  anaconda, piranha, tortue, iguane, dauphin d'eau douce, tamanoir, biche, capybara, renard, levanto, aigle, canard, pélican, manglares, ibis écarlate, hoazin, chouette...Nous les avons tous vu sauf un...chercher l'intrus: l'ANACONDA. Le soir en revenant sur la lagune au coucher du soleil c'est un grand moment!
oeil de boeuf

Nous rejoignons Merida sous la pluie après être passés à plus de 3600m et de 34 à 9°. Au grand marché nous  y dégustons une potion magique pour nous donner du tonus pour le reste du voyage : Le LEVANTON ANDINO avec des œufs de poissons crus et un peu d'œil de bœuf.
recette

3 commentaires:

  1. Une question nous brule les lèvres: ca a quel goût l'oeil de boeuf?
    Bonne continuation à vous!

    Audrey et Laurent

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  2. Anonyme4/24/2012

    ca a quel goût l'oeil de boeuf?
    le goût du boeuf....

    c'est au pied du mur que l'on voit "le mur"

    bon maintenant passons a notre journaliste de géo aux amériques, mireile fait un livre!! profite tu as du carburant naturel ou par le nez ou tu maches comme tu veux, mais je pense que tu as déjà commencée au vénez " c clair " a macher ...
    a present la colombie lache toi on attend avec impatience la suite ...
    bises and love
    daly

    " hollande" : salut audrey et laurent

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    1. Anonyme6/10/2012

      Mimi Sexy Calamaty Jane traversant la rivière !! On vous embrasse bien fort. Des pensées à vite et le livre on vote pour !! Agnes& Elsa

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